La mort de la recherche et la montée en puissance des moteurs de choix

 

Il y a environ 16 ans, Google a rendu les moteurs de recherche célèbres et omniprésents.

Sa date de péremption est arrivée.

Pensez-y. La recherche était la chose la plus géniale du monde parce qu’elle réalisait la merveilleuse vison de Google :  » organiser les informations du monde « .

Mais maintenant… à quoi sert un million de résultats, à un milliard près. Qui peut traiter des informations aussi massives ? Et pourquoi auriez-vous besoin d’un million, alors qu’aucun d’entre eux ne semble vous convenir ?

Ce dont le monde a besoin, c’est d’un ensemble réduit de choix personnellement pertinents, qui me conviennent  » à moi « . Comme quelques restaurants qui semblent que je pourrais y manger, et non des listes de 100. Un film qui correspond à mon humeur du jour. Une liste d’hôtels basée sur le fait que je ne pars pas en voyage d’affaires mais en week-end avec mon partenaire. Un sac d’ordinateur portable qui reflète ma personnalité légèrement excentrique … et qui connaît mon état d’esprit général soucieux de l’environnement, etc.

Le défi est que le « choix » est beaucoup plus complexe sur le plan cognitif que la recherche.

Le choix est une fonction parfois de mes goûts (je préfère généralement les films réfléchis), plusieurs fois des personnes ou des experts qui m’influencent (j’aime tout simplement la vision acide des films de Nigel Andrews, correspondant de FT)  ; parfois de mon comportement passé (je viens de voir 3 films d’action et je n’ai pas envie d’en voir un de plus) et plusieurs fois du contexte (il pleut, allons dans un endroit proche). Et chaque choix reflète un mélange différent de ces éléments.

Et le choix consiste à réduire les trillions d’options rendues possibles par internet à 4-6 options pertinentes, la limite montrée comme cognitivement faisable pour un esprit humain.

La recherche consiste à organiser les ingrédients, le choix consiste à avoir une recette. La recherche est fonctionnelle, le choix est magique.

Dans les prochaines années, les moteurs de choix vont tuer la recherche. Oui, bien sûr, la recherche sera toujours là pour certains types de choses (rappelez-vous que nous avons encore des lignes terrestres). Mais de plus en plus, nous chercherons un moteur plus complexe sur le plan cognitif, capable de simplifier nos choix.

Oui, les défenseurs de la vie privée vont s’insurger, mais les consommateurs auront le choix, d’allumer leur moteur de choix personnel. Et de simplifier leur vie. Ou pas.

Et qui en seront les plus grandes victimes. Google, pour commencer. Mais Google lui-même est déjà en train de le tuer avec son moteur de sérendipité. Facebook essaie de tout savoir sur vos centres d’intérêt, et va s’étendre du contenu aux restaurants, et défier des entreprises comme TripAdvisor et Yelp. Amazon est un autre acteur avec ses acquisitions de sites d’évaluation comme IMDB. IBM avec Watson et Oracle avec les acquisitions de Datalogix et BlueKai tentent de permettre aux entreprises de proposer de meilleurs choix aux consommateurs.

Quoi qu’il arrive, une chose est sûre… l’ère de la recherche est à bout de souffle.